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Revenu agricole 2010 La forte hausse de 66 % ne compense pas les pertes des deux années passées

Hors viticulture, toutes les filières voient leur revenu augmenter, voire flamber. Avec 153 % d’augmentation, les céréaliers remportent le palmarès, suivi des producteurs de lait (89 %). Mais aussi spectaculaires qu’ils paraissent, ces chiffres sont à rapprocher des pertes accumulées en 2008 et 2009! Les « filières viande » ne profitent pas de cette embellie. Les résultats des éleveurs « hors sol » (+11 %) et « bovins viande » (+26 %)traduisent une fois de plus le marasme de ces filières confrontées, à de nouvelles hausses des prix des aliments, qu’elles ne peuvent répercuter sur des cours très faibles.

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La forte hausse du revenu agricole masque, encore une fois,
des disparités entre filières. (© Terre-net Média)

« Quand un revenu baisse de 50 % en deux ans, il faut une hausse de 100 % pour qu'il revienne à son niveau antérieur ». C’est en se reposant sur cette simple règle de calcul que l’augmentation prévisionnelle de 66 % du revenu agricole par actif non salarié doit être appréciée. Comme elle fait suite à une baisse de 46 % sur deux ans en moyenne (beaucoup plus en lait et en céréales), le redressement des comptes des exploitations n’est pas suffisant cette année pour retrouver le niveau de revenu de 2007 et, surtout, pour compenser les pertes accumulées de ces deux dernières années.

Par ailleurs, la forte hausse masque encore une fois des disparités entre filières et accentue les écarts de revenus.

Pas de surprise, le redressement des cours des céréales, puis leur flambée, profitent en premier lieu aux « grandes cultures », même si tous les producteurs n’ont pas vendu leur blé à 200 euros la tonne ! Si la volatilité des prix l’an passé a conduit à l’effondrement des revenus, elle explique cette année leur augmentation.

Dépasser les analyses annuelles au profit de tendances à moyen terme, plus significatives


Aussi forte soit-elle, la hausse du revenu permet au résultat courant par atif
non salarié
de retrouver son niveau de 2010 (© Insee)

Une étude du ministère de l’Agriculture souligne justement que « la succession de fortes évolutions de sens inverse depuis le milieu des années 2000 conduit à dépasser les analyses annuelles au profit de calculs de tendances à moyen terme, plus significatives. Si on examine les moyennes triennales des revenus moyens par actif non salarié, l’évolution de 2010 se situe dans le prolongement de la tendance baissière des cinq dernières années (– 5 % par an) ».

En production animale, l’augmentation des revenus est notable chez les éleveurs laitiers (+89 %) mais timide pour leurs collègues spécialisés « bovins viande » (+ 25 %). Bruno Le Maire est justement en déplacement dans le Puy-de-Dôme pour visiter une exploitation d’élevage et pour s’entretenir, avec les représentants professionnels du département, des difficultés persistantes d’une filière qu’il est urgent de restructurer, pour que les éleveurs aient des prix rémunérateurs. Il reviendra probablement sur les fonds de 100 millions d’euros, qui seront alloués sur trois ans pour réorganiser cette filière.

Un cadre plus favorable pour poursuivre les réformes de modernisation et de compétitivité

« Les bons résultats n’annoncent pas la fin de la crise. C’est le moment de faire passer des réformes et d’imposer des contrats. C’est la seule solution pour stabiliser les revenus», a commenté le ministre de l’Agriculture en aparté d’un petit déjeuner de presse. Déplorant que « ceux qui les critiquent (les contrats, Ndlr) n’aient pas de solution alternative ! ».

Déjà très populaire auprès des agriculteurs, les bons chiffres sur le revenu agricole pour 2010 vont, par contrecoup, renforcer la notoriété du ministre de l’Agriculture - certains agriculteurs  voient déjà dans Bruno Le Maire le nouveau « Chirac de l’agriculture». Et ils vont constituer un cadre plus favorable pour poursuivre les réformes de modernisation et de compétitivité que l’hôte de la rue de Varenne estime nécessaires.

Le revenu de la « ferme France »


(© Terre-net Média)
A l’échelle de la « ferme France », les résultats de 2010 s’expliquent entre autres par :

- une augmentation de la valeur de la production agricole de 2,5 milliards d’euros, dont 1,8 milliard en production végétale (viticulture comprise) ;
- une baisse des consommations intermédiaires de 1,3 milliard d’euros ;
- une hausse des subventions d’exploitation de 1,65 milliard d’euros ;

L'ensemble porte l’augmentation du revenu de la ferme France à plus de 5,3 milliards d’euros pour retrouver son niveau de 2006 environ (16,2 milliards d’euros).
Avec 10,03 milliards d’euros, les aides représentent plus de 60 % du revenu contre près de 100 % l’an passé !  


Lire et voir aussi :

Revenu agricole 2010 - Jusqu’à + 177 % en « grandes cultures »

Revenu agricole 2010 - Le grand écart en productions animales

Revenu 2010 - Guy Vasseur, Apca : « Toutes les productions voient leur revenu 2010 augmenter, toutes l’avaient vu baisser depuis 2 ans »

Revenu agricole 2010 - Les réactions syndicales après l’augmentation de 66% du revenu agricole pour 2010

Union européenne - Le revenu agricole réel par actif agricole en hausse de 12,3%

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